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oui, oui bon, chut
22 juin 2006

1.

Raphaëlle tendit les mains devant elle. Les doigts écarquillés, elle poussait chaque parcelle de son être à se rejoindre à l’extrémité de ses ongles. Son corps se vidait petit à petit du malaise ambiant qui l’habitait, un doux sourire paisible se dessinait sur ses lèvres. Ses mains tremblèrent violemment sous le flot d’étincelles tressautantes qui leur parvenaient. Son visage se crispa. Ses phalanges devinrent écarlates, elle recula d’un pas, dirigea ses mains vers le sol et relâcha la pression, projetant l’incroyable énergie, concentrée d’habitude dans chaque parcelle de son corps, sous la terre. Elle rouvrit les yeux, respira profondément et attendit que le sol passe du rouge vif au rose, puis à sa couleur ocre habituelle.

Elle ne comprenait toujours pas ce qui s’échappait d’elle.

Avant cette énergie était contrôlable, mais depuis qu’IL était apparu, elle devait accomplir plusieurs par mois cet sorte de rituel. Si elle ne le faisait pas, sa poitrine se resserrait jusqu'à parfois l’étouffer, d’étranges rêves la submergeaient, ses mains tremblaient par accoups et elle ne pouvaient s’empêcher d’appeler mentalement son nom lorsqu’elle était triste ou en colère. Mais voilà, il fallait qu’elle soit plus prudente !

IL l’avait entendue….

La semaine dernière, cette imbécile de Mathy l’avait une fois de plus ridiculisée devant toute la classe. Elle avait utilisé le coup classique mais néanmoins efficace du croche-pied pendant le trajet jusqu’au tableau. Raphaëlle c’était étalée sur les sacs jonchés au milieu de l’allée, sans pouvoir prouver que Mathy l’avait délibérément fait tomber. Elle se releva rouge de honte, maugréant des injures sous les éclats de rire de la classe. Elle se sentait impuissante, en colère.

Par réflexe, elle appela SON nom dans son esprit. IL se retourna brutalement, l’interrogeant du regard.

« - Raph’ ? Tu m’as appelé ? souffla-t-il, une étrange lueur dans les yeux, quand elle retourna à sa place.

-Non… ! » répondit-elle en essayant de masquer sa panique sous un regard étonné.

Et voila qu’elle lui transmettait ses pensées maintenant ! C’était la meilleure !

« Raphaëlle ! »

Elle fut brusquement tirer de se rêverie par le cri de sa meilleure amie.

« Tu t’es encore… vidée ? » dit elle en fronçant les sourcils d’inquiétude

Raphaëlle baissa les yeux en opinant,

Je ne devrais pas avoir honte, se dit-elle, mais elle ne pouvait s’en empêcher.

« Viens ! » ordonna Myrtille

Mais Raphaëlle aurait bien aimé rester encore un peu. Ses mains tremblaient encore imperceptiblement et elle avait besoin de laisser  divaguer son esprit. Elle avait besoin d’apaiser son imagination. Car quand Raphaëlle pensait, elle pouvait transformer un objet banal en féerie, s’inventer des rêves colorés. Il lui suffisait de tenir un crayon pour écrire des mondes fantastiques, des poèmes d’amour. Pour dessiner des robes de princesses, des elfes et des fées, des paysages magiques…

Mais elle suivit Myrtille.

Tout à coup, elle sentit une chaleur au creux de sa poitrine, comme si l’air dans ses poumons entrait en ébullition.

«  Oh non ! gémit-elle.

- Quoi ?

- « ça » recommence…

- Déjà ?

- Déjà…

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